Combien de francophones en situation minoritaire au Canada?

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OTTAWA – Moins d’un million? Plus d’un million? Plus de deux millions? Le nombre de francophones en situation minoritaire au Canada varie d’une définition à l’autre.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Depuis le coup d’envoi de la campagne électorale en août, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) insiste. Il y aurait bien selon elle 2,6 millions de francophones hors Québec. Un chiffre réaffirmé avec force à la suite du débat de Radio-Canada, le 24 septembre.

L’organisme porte-parole des francophones en zone minoritaire se base effectivement sur les 2 584 690 résidents canadiens en dehors du Québec s’étant déclarés « capable de soutenir une conversation en français » lors du dernier recensement de Statistique Canada en 2011.

Cet échantillon de la population s’avère en hausse par rapport au recensement de 2006 où l’on comptait 23 000 francophones en moins. Point noir : ils représentaient alors 10,8 % de la population hors Québec, contre 10,2 % aujourd’hui.

Pour Jean-François Lepage, analyste à la section de la statistique linguistique de Statistique Canada, cette définition reste « très inclusive », puisque 1,6 million de résidents issus de cette description ont l’anglais comme première langue officielle parlée.

« Si on inclut les anglophones maitrisant le français, c’est justement parce que nous sommes minoritaires », fait savoir Sylviane Lanthier, présidente de la FCFA. « Nous ne sommes pas des minorités visibles et auditives, nous avons besoin donc de poids pour nous affirmer. »

Ce comptage n’est somme toute pas nouveau. « Cela fait très longtemps que l’on travaille dessus. La diversité francophone n’est plus ce qu’elle était dans les années 50 et 60 quand chacun restait dans sa communauté. Les réalités sont somme toute diversifiées. »

D’après cette définition, 1 438 785 d’Ontariens seraient capables de converser dans la langue de Molière, soit plus de la moitié des francophones en situation minoritaire.

 

Statistique Canada

Le chiffre de la FCFA contredit celui de Statistique Canada, bien que M. Lepage l’affirme : « Chaque organisme reste libre de se définir par rapport à son propre bassin. »

Car selon l’agence du gouvernement fédéral, le nombre de francophones hors Québec dépasse tout juste le million. En 2011, 1 007 580 de résidents de ces provinces et territoires ont déclaré le français comme première langue officielle parlée.

Là encore, il s’agit d’un chiffre légèrement en hausse en comparaison de 2006 (997 125). Mais en valeur relative, les francophones ne représentaient en 2011 plus que 4 % des résidents hors Québec, selon la définition de Statistique Canada, contre 4,1 % en 2006.

« C’est traditionnellement notre définition à Statistique Canada pour visualiser les francophones », explique M. Lepage. « Quand une personne possède à la fois le français et l’anglais comme langue maternelle, ou dans un autre cas, possède une autre langue maternelle, on prend la langue la plus souvent parlée à la maison pour définir la première langue officielle parlée. »

Province la plus populeuse du Canada, l’Ontario se classe logiquement première comme lieu d’établissement des francophones en situation minoritaire. Ils sont ainsi 542 390 de première langue officielle française à y résider. Le Nouveau-Brunswick compte 235 695 Acadiens tandis que 71 370 francophones vivent en Alberta.

À noter que le gouvernement de l’Ontario a mis en place sa propre définition des francophones en 2009 : la Définition inclusive de francophone (DIF). Une donnée complexe englobant grosso modo ceux dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, mais qui ont une bonne connaissance du français et qui l’utilisent à la maison. Quelque 611 500 résidents de l’Ontario entrent dans cette définition.

 

Autres mesures

Deux autres mesures pourraient être retenues dans le calcul des francophones en situation minoritaire : ceux dont la langue maternelle est le français ou encore ceux le parlant à la maison.

Mais dans les deux cas, le chiffre reste plus ou moins stable à un million. Quelque 1 066 580 résidents canadiens hors Québec possédaient le français comme langue maternelle en 2011. Un chiffre de 561 155 pour l’Ontario.

Aussi, 1 090 305 de ces résidents avaient déclaré avoir le français comme langue le plus souvent parlée à la maison lors de cette même période. En Ontario, 595 935 personnes en faisaient partie.