Cinq enjeux pour les francophones à Welland

Welland compte plus de 5000 francophones.

WELLAND – Rare municipalité du sud-ouest de l’Ontario à posséder plus de 10% de francophones, Welland dans la région du Niagara n’échappe pas aux revendications de la minorité linguistique. Petit tour d’horizon des cinq enjeux majeurs pour les Franco-Ontariens de l’endroit.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Démographie. Avec plus de 5000 francophones, constituant 10,4 % de la population d’après le dernier recensement de 2011, le constat est plutôt flatteur pour Welland. Surtout en comparaison avec les autres villes du sud-ouest de l’Ontario (Toronto, Windsor, Hamilton) où les francophones n’excèdent que très rarement 3% des résidents. Problème : les Franco-Ontariens étaient beaucoup plus nombreux auparavant. « Le 15% de francophones de la fin des années 80 représentait des francophones qui parlaient français », estime Normand Savoie, directeur du Centre d’éducation pour adultes francophone, l’ABC Communautaire. « Les plus de 10% de nos jours sont maintenant beaucoup plus assimilés et ne parlent plus vraiment français. »

Exode des francophones. Ancienne ville industrielle marquée par l’essor de la sidérurgie illustrée par Atlas Steel, Welland peine à retrouver son lustre d’antan. Le tout après le départ d’entreprises vers le Mexique ou les États-Unis. Conséquence : les résidents sont de plus en plus nombreux à tenter leur chances dans les grandes métropoles à l’instar de Toronto. « Être prêt de Toronto est finalement un danger », croit M. Savoie. Solution préconisée? L’immigration francophone. « Nous surveillons beaucoup l’arrivée des Syriens dont on dit qu’ils pourraient être 2000 à s’installer dans la région du Niagara. Certains parlent français. »

Manque de main d’œuvre. Si l’immigration est tant espérée à Welland, c’est aussi parce que la région peinerait à former une main d’œuvre francophone qualifiée. Fort de six écoles (quatre établissements élémentaires et deux secondaires), Welland ne possède pas de structures postsecondaires, si ce n’est une succursale du Collège Boréal. « On parle ici de quelques programmes seulement (…) On ne parvient pas à comprendre qu’étudier en anglais est une plus-value. » L’impact de cette faiblesse de l’offre pour les jeunes francophones entrainerait directement un « vieillissement de la population » aux yeux du responsable.

Relation avec la municipalité. Comme dans la plupart des villes ontariennes, les francophones ne sont guère représentés au sein de l’appareil municipal. « Le personnel de l’hôtel de ville est unilingue anglophone », tranche M. Savoie. Petite note d’espoir : l’arrivée de Frank Campion à la barre de la municipalité en octobre 2014. « ll s’est rendu au premier Rendez-vous de fondation du Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique (RVFFA) à l’automne dernier. Ce geste a été interprété comme une belle ouverture de la municipalité. » Pas de quoi encourager cependant les francophones à exiger une politique, voire une loi sur les services en français. « Je trouverais ça bien », partage M. Savoie, « mais quand on voit que la capitale du Canada, Ottawa, ne possède même pas une loi, on se dit que ça sera bien difficile (…) Plus on est servi dans sa langue, plus on se sent pourtant bien dans une communauté. »

Vitalité francophone. Les rassemblements francophones encore et toujours. Voilà la mantra de M. Savoie pour aiguiser la fierté francophone à Welland. Même si là encore, rien n’est simple, en dehors de la Journée du drapeau franco-ontarien et des célébrations des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste. « C’est mieux qu’avant et le racisme anti-francophone est beaucoup retombé, mais beaucoup de gens sont réservés et gênés de s’afficher en français dans la ville. » Le responsable évoque même avec admiration la culture acadienne : « Quand je vais à Shediac ou Moncton, je remarque que les gens mettent beaucoup de drapeaux aux fenêtres. Ici en Ontario, cela reste une culture très différente. »