Le bas de Noël des libéraux

Le complexe de recherche médicale MaRS, au centre-ville de Toronto.

[CHRONIQUE]
En dépit d’une nouvelle majorité à Queen’s Park pour les quatre prochaines années, les libéraux de Kathleen Wynne ont eu une année difficile. En fait, leur victoire du 12 juin se résume surtout par la totale déconfiture de l’équipe de Tim Hudak et de l’incompétence et des erreurs de néophytes d’Andréa Horwath. Aucun parti politique n’a eu un tracé si facile pour la victoire depuis Bill Davis.

SERGE MIVILLE
Chroniqueur invité
@Miville

Malgré cela, Mme Wynne devra peut-être envoyer des explications au père Noël avant qu’il ne livre du charbon à ses ministres et députés, ce 25 décembre. Rappelons simplement que les scandales ne cessent de se multiplier du côté des libéraux.

Après ORNGE et cyberSanté qui ont coûté des milliards aux contribuables, le scandale des centrales aux gaz ne cesse de revenir à la une des journaux. En effet, on apprend aujourd’hui que les contribuables ont fourni 10 000 $ à des proches des libéraux pour rayer des disques durs du gouvernement qui contenaient des informations compromettantes sur ce sujet.

Ajoutons d’ailleurs que l’infrastructure promise pour les jeux PanAm tardent à voir le jour et les coûts ont monté de façon astronomique, notamment en raison de bonis de 7 millions $ donné à des haut placés de l’organisation.

On peut aussi ajouter à cette liste la mauvaise gestion des infrastructures énergétiques de la province avec des projets de création d’éoliennes qui ont été renégociés et annulés, en plus des prix astronomiques payés l’énergie solaire produite par les particuliers.

Les compteurs intelligents d’électricité ont récemment été critiqués par l’opposition. Après presque 2 milliard $ dépensés, on peine de voir les bénéfices pour la population, alors que 80% des abonnés ont vu leur facture augmentée.

Du côté de MaRS, cet édifice érigé tout près de Queen’s Park, les libéraux ont discrètement injecté de nombreux millions de dollars pour des bureaux vides afin de sauver les meubles, c’est le cas de le dire, d’un édifice qui n’arrive pas à attirer des locataires. Le gouvernement justifie cette décision coûteuse en raison des bénéfices qu’apporte le centre pour la population. Une vraie nébuleuse.

Bref, les libéraux ont de quoi se faire pardonner pou être sur la bonne liste du père Noël.

Des promesses qui tardent

Tout n’aurait pas été perdu, toutefois. Une nouvelle première ministre avec un mandat fort de quatre ans peut donner un envol nécessaire pour poser des gestes concrets pour rectifier les problèmes. C’est du moins ce qu’a tenté le gouvernement Couilliard avec son rouleau compresseur de politiques qui visent à écraser le déficit de manière quelque peu draconienne.

Jusqu’à présent, Mme Wynne a tardé de mettre des cadeaux sous l’arbre pour les Ontariens.

En Ontario, on peine à voir les grands gestes attendus d’un nouveau gouvernement. Mme Wynne se plaît surtout à jouer à la politique contre Ottawa, un jeu dans lequel les citoyens perdent toujours. Après 190 jours, le régime de pension de l’Ontario, le fer de lance des libéraux, a été mis au rencart avec une loi votée récemment par le gouvernement.

Le projet n’est pas mort, mais c’est un secret de polichinelle que les libéraux n’en veulent plus de ce projet en raison de l’opposition des entreprises et des coûts de gestion qu’entraînerait la création d’un tel fonds. Les libéraux espèrent surtout que 2015 apportera un nouveau gouvernement libéral à Ottawa qui bonifierait le régime de pension du Canada, de là à épargner les Ontario de la gestion d’un tout nouveau programme.

Les libéraux ont d’ailleurs promis de s’attaquer à l’entente secrète entre la Régie des alcools de l’Ontario, la LCBO, et le Beer Store qui renforce le monopole de la bière de l’entreprise étrangère. Rappelons que la LCBO, selon l’entente, ne peut pas vendre des caisses de plus de six bières lorsqu’il y a un Beer Store dans le marché local.

De plus, si le Beer Store intègre un marché détenu par la LCBO, cette dernière doit immédiatement cesser de vendre des caisses de 12 et de 24 bières. Cet héritage de l’ère Harris a récemment éclaté au grand jour, et Mme Wynne promet de réformer la vente d’alcool en province.

On ne pourra pas accuser les Ontariens de manquer de patience. Ils ont toléré de nombreux scandales et des dépenses astronomiques avec peu de retombés pour leurs localités. Ils auront droit d’espérer que 2015 apportera un vent de renouveau pour la province.

Du côté des libéraux, je doute qu’ils aient froid en cette période de Noël. Ils auront de quoi chauffer leur poêle à charbon…

 

Serge Miville est candidat au doctorat en histoire à l’Université York.

Note : Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position de #ONfr et du Groupe Média TFO.