Centrales au gaz : enquête publique réclamée

 

OTTAWA – Les deux partis d’opposition à l’Assemblée législative de l’Ontario réclament une enquête publique sur la suppression de courriels potentiellement incriminants pour le gouvernement minoritaire de Kathleen Wynne, après que la police eut allégué la participation d’un ancien ponte du Parti libéral dans l’affaire des centrales électriques au gaz de Mississauga et d’Oakville.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Mais le Nouveau Parti démocratique, qui détient la balance du pouvoir, refuse pour l’instant de battre le tambour électoral, comme le réclame le Parti progressiste-conservateur.

« Ce n’est tout simplement pas suffisant de dire : Je ne savais rien à ce sujet », a dénoncé la chef néo-démocrate Andrea Horwath dans une lettre ouverte à Mme Wynne, le vendredi 28 mars. « Depuis plus de deux ans, les gens ont vu que pratiquement toutes les affirmations de votre parti à propos de ce scandale se sont avérées fausses ou trompeuses ».

Mme Horwath a demandé des explications à Mme Wynne quant à sa possible participation dans ce qu’elle a qualifié d’« un des scandales les plus extraordinaires et une des tentatives de camouflage les plus élaborées de l’histoire politique de l’Ontario ».

Le chef progressiste-conservateur Tim Hudak s’est dit, pour sa part, convaincu que certains courriels ont été supprimés après que Mme Wynne eut succédé à M. McGuinty à la tête du gouvernement libéral, à la mi-février 2013. « C’est maintenant davantage le scandale de Kathleen Wynne que celui de Dalton McGuinty », a-t-il fustigé lors d’un point de presse, le jeudi 27 mars.

M. Hudak a exhorté le NPD à retirer son appui au gouvernement, afin de forcer le déclenchement d’élections.

Allégations de la police

La Police provinciale de l’Ontario (PPO) a allégué, le 27 mars, qu’un ancien haut placé dans le Parti libéral, David Livingston, aurait donné à un tiers l’accès à une vingtaine d’ordinateurs dans le bureau de l’ex-premier ministre Dalton McGuinty, pour qu’il en efface les disques durs.

Ces ordinateurs auraient renfermé des courriels au sujet de l’annulation controversée de deux projets de centrales électriques au gaz à Mississauga et à Oakville, peu avant les élections de 2011. Les deux décisions ont coûté plus de 1 milliard $ à la province, soit 870 millions $ de plus que ne l’avaient d’abord laissé entendre les libéraux.

Mme Wynne a déjà reconnu qu’il s’agissait d’une manœuvre électoraliste dans le but de conserver une poignée de sièges libéraux où les populations locales étaient opposées à de telles installations électriques.

L’enquête publique que réclament les deux partis d’opposition à Queen’s Park se déroulerait parallèlement à l’enquête criminelle de la PPO.

« Laissons la police mener son enquête »

Les libéraux ont, quant à eux, écarté la possibilité d’une deuxième enquête.

« Ce sont des allégations. La police enquête. Nous n’allons pas spéculer. Laissons la police mener son enquête de manière indépendante », a exhorté Yasir Naqvi, ministre de la Sécurité publique et des Services correctionnels, en marge d’une annonce à Ottawa, le 28 mars.

Madeleine Meilleur, nouvellement nommée Procureure générale de l’Ontario, a refusé de commenter l’affaire tant qu’elle fait l’objet d’une enquête policière.

« Tout serait arrivé avant que (Mme Wynne) n’accède au pouvoir », a martelé Bob Chiarelli, ministre de l’Énergie, accusant M. Hudak de vouloir profiter de la situation pour éclabousser la première ministre. « Au lieu d’accepter les faits tels qu’ils sont, comme à son habitude, il tente de les embellir. C’est probablement la raison pour laquelle il occupe le troisième rang sur le plan de la popularité (en tant que chef de parti) auprès des électeurs ».

À la suite des allégations de la PPO au sujet de M. Livingston, tant Mme Wynne que M. McGuinty se sont défendus d’avoir camouflé, voire ordonné la suppression de courriels potentiellement incriminants dans l’affaire des centrales au gaz.

M. Livingston, un ex-chef de cabinet de M. McGuinty, s’était lui aussi défendu devant un comité parlementaire, en 2013, d’avoir joué un rôle dans le scandale.

Le gouvernement libéral à Queen’s Park doit tenir un vote de confiance pour faire adopter son prochain budget, vraisemblablement d’ici l’été.

M. Chiarelli s’est dit peu inquiété par la possibilité d’un scrutin hâtif, malgré les pressions du clan Hudak. « Il y avait également des rumeurs d’élections lors du dépôt de notre dernier budget », a-t-il fait valoir.