Budget : un document critiqué de toutes parts

L'Assemblée législative de l'Ontario. Archives

TORONTO – Sans surprise, le budget de l’Ontario 2015 de Charles Sousa a reçu de vives critiques de la part des deux partis d’opposition à Queen’s Park, mais aussi des mouvements associatifs et syndicaux. Avec des arguments différents, tous dénoncent la direction prise par le gouvernement de Kathleen Wynne.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @bvachet

Pour son troisième budget, le ministre des Finances, Charles Sousa, a fait preuve d’un certain optimisme saluant la situation économique de la province qui selon lui, se relève de la récession de 2008.

« Notre province va devenir un chef de file en matière de contrôle des dépenses et en matière d’investissements », a-t-il promis.

Pour atteindre cet objectif, M. Sousa a livré sa recette miracle, notamment pour éliminer le déficit en 2017-2018, sans pour autant augmenter les taxes.

« Nous savons que nous pouvons gérer mieux nos finances sans sacrifier aux besoins de nos citoyens. Notre objectif est de contrôler les dépenses, tout en continuant à examiner chaque programme pour voir ceux qui sont encore pertinents ou moins efficaces. Nous voulons encourager la création d’emplois dans les entreprises, faire croître notre économie et nous assurer que l’Ontario reste toujours plus compétitive. »

À aucun moment, M. Sousa n’a voulu parler de coupures : « La seule coupure que nous allons faire, c’est dans le déficit », a-t-il lancé.

 

Colère de l’opposition

L’opposition officielle à Queen’s Park s’est montrée plus réticente à partager l’enthousiasme du ministre des Finances.

« Nous avons attentivement étudié ce budget et il ne répond pas aux besoins de notre province. Le régime de retraite et la taxe carbone ne sont que des taxes déguisées qui vont pénaliser la croissance de l’Ontario. La vente d’une partie d’Hydro One va augmenter les coûts d’électricité pour les contribuables. Quant à la situation financière de la province, il n’y a rien dans ce budget pour lutter contre la dette ou régler le déficit. Au contraire, ça va être de pire et pire. L’Ontario ne peut pas se permettre un tel budget », a lancé le chef intérimaire du Parti progressiste-conservateur, Jim Wilson.

« Il est temps que ce gouvernement cesse d’utiliser sa carte de crédit et commence plutôt à utiliser sa carte de débit », a fustigé Victor Fedeli, critique en matière de finances pour le Parti PC.

Pour la chef de la seconde opposition, Andrea Horwath, « les Ontariens n’ont pas voté pour ça! ».

« Le gouvernement échoue à répondre aux préoccupations des familles et des entreprises. La vente d’Hydro One était une mauvaise idée il y a dix ans et c’est toujours une mauvaise idée aujourd’hui. Je reçois tous les jours des lettres de gens qui sont contre cette décision », a-t-elle indiqué.

Seule représentante de son parti à réagir au budget en français et en anglais, la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario a reproché au gouvernement la direction prise : « Ce budget ouvre la voie à plus de privatisations dans le futur. C’est un mauvais budget! Mme Wynne devrait passer moins de temps sur Bay Street et plus de temps avec les vrais gens. »

 

D’autres inquiétudes

Les partis d’opposition ne sont pas les seuls à redouter la potion magique servie par Charles Sousa. Le huis clos à peine levé, le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) s’est inquiété de la direction prise par le gouvernement.

« Il n’y a rien dans ce budget pour les travailleurs ou les gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté », a dit Warren « Smokey » Thomas, président du SEFPO. « Ce que je vois ici, ce sont seulement des ventes de feu, comme celle d’Hydro One. Ce n’est pas seulement les membres de notre syndicat qui doivent s’inquiéter, je pense que ce sont tous les citoyens de cette province qui devraient être inquiets de cette privatisation, car ce n’est qu’un début. Le gouvernement se vante d’avoir le taux d’imposition pour les entreprises le plus profitable d’Amérique du Nord, il pourrait l’augmenter un petit peu au lieu de faire payer les gens ordinaires. »

M. Thomas a prédit « des troubles » dans la fonction publique.

Absente du dépôt du budget, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) a réagi dans un communiqué, estimant que le budget du gouvernement ne tenait pas compte des besoins réels en éducation.

« On pourrait dire que le montant pour l’éducation représente une diminution de fonds investis dans ce secteur. C’est le même montant que l’année dernière, mais il n’a pas été indexé au coût de la vie », a regretté le président de l’AEFO, Carol Jolin. « On demande aux travailleurs œuvrant dans le domaine de l’éducation de faire autant avec moins. »

Du côté de l’Association des Municipalités de l’Ontario (AMO), le président Gary McNamara a rappelé les difficultés des municipalités rurales auxquelles le budget 2015 ne répond que très partiellement.

« Nous sommes contents de l’enveloppe de 100 millions $ réservée aux petites municipalités, mais ce n’est qu’un commencement. De nombreuses municipalités n’arrivent pas à contrôler leurs impôts, la hausse des coûts des services de police et de l’infrastructure routière… Si nous comprenons et apprécions l’investissement fait dans le transport pour le Grand Toronto, nous sommes un peu nerveux de savoir comment on va être capable de continuer à répondre aux besoins des petites municipalités dans le reste de la province », a expliqué M. McNamara, maire de la municipalité de Tecumseh, dans le sud-ouest de la province.