Budget 2016 : l’Ontario envoie un message au fédéral

La première ministre sortante, Kathleen Wynne. Crédit image: Archives #ONfr

TORONTO – En publiant son budget près d’un mois avant le gouvernement fédéral, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a envoyé un message clair et formulé plusieurs attentes à Ottawa. De quoi se tenir prête pour la rencontre des premiers ministres, prévue le 3 mars prochain.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le gouvernement de Kathleen Wynne a fondé de nombreux espoirs dans l’élection de Justin Trudeau, à Ottawa. Quelques mois après la campagne victorieuse du Parti libéral du Canada (PLC), à laquelle a pris part à plusieurs reprises la première ministre de l’Ontario, l’heure est venue de réclamer sa récompense.

« La province de l’Ontario contribue plus qu’elle ne reçoit de la part du fédéral. Nous sommes heureux de voir l’importance que le gouvernement fédéral reconnaît à notre province car un Ontario fort signifie un Canada plus fort », a dit le ministre des Finances, Charles Sousa.

Preuve de cette volonté de collaboration, le gouvernement de Mme Wynne annonce vouloir emboîter le pas de M. Trudeau en donnant suite aux recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

« Nous améliorerons les conditions sociales et les perspectives économiques des Premières Nations, des Métis et des Inuits. »

Main dans la main

Mais cette coopération passe aussi par des engagements concrets de la part d’Ottawa. Le gouvernement ontarien mise sur le respect des promesses du PLC dans de nombreux domaines pour concrétiser ses propres annonces.

En matière d’infrastructure, soulignant qu’en 2013, les provinces et territoires ont investi trois fois plus que le gouvernement fédéral, Mme Wynne souhaite que l’enveloppe de 125 milliards $ sur dix ans promise par Justin Trudeau s’arrime avec celle de 137 milliards $ de la province.

« Comme les détails de ces nouveaux investissements fédéraux ne sont pas encore précisés, il importe que le gouvernement fédéral collabore avec les provinces et territoires pour veiller à ce que les programmes soient prévisibles, soutiennent la création d’emplois et la croissance économique et respectent les plans financiers », indique le gouvernement provincial dans son document.

En éducation, l’une des annonces phares du budget ontarien, la diminution voire la suppression des frais de scolarité des collèges et universités pour les plus faibles revenus, reste conditionnée aux engagements du PLC.

« Le montant du financement suppose la pleine mise en œuvre de la transformation du Régime d’aide financière aux étudiantes et étudiants de l’Ontario (RAFEO) et la réalisation des engagements du Parti libéral du Canada dans son programme électoral concernant les bourses canadiennes pour étudiants. »

La situation est la même pour le Régime de retraite de la province de l’Ontario (RRPO), dont la mise en place a été repoussée d’une année, le temps que le gouvernement Trudeau précise la bonification promise dans sa plateforme pour le Régime des pensions du Canada (RPC).

Le gouvernement de l’Ontario a également des attentes dans les domaine de l’immigration d’une main d’œuvre qualifiée, notamment pour atteindre sa cible de 5% d’immigrants francophones, de la formation et du perfectionnement des compétences, dans celui de la lutte contre la pauvreté et enfin, en matière de santé.

« L’Ontario continuera à revendiquer des fonds supplémentaires pour assurer que le soutien des soins de santé est adéquat, qu’il répond aux besoins de la population ontarienne et qu’il garantit la pérennité du système des soins de santé à long terme », peut-on lire dans le budget.

Enfin, en matière d’environnement, l’Ontario qui a déjà dévoilé son plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) demande au gouvernement fédéral de respecter ces mesures provinciales lorsqu’il dévoilera sa propre stratégie et ses cibles.

Charles Sousa minimise

Le ministre des Finances a toutefois voulu minimiser l’importance des attentes vis-à-vis du gouvernement fédéral.

« Nous dépendons avant tout des Ontariennes et des Ontariens pour atteindre notre objectif de faire prospérer l’économie. Nous travaillons en collaboration avec le gouvernement fédéral mais ne dépendons pas de lui pour supprimer notre déficit. »

En mentionnant à plusieurs reprises l’aide attendue du gouvernement fédéral, le gouvernement a toutefois mis la pression sur le gouvernement fédéral. Nul doute que la première ministre de l’Ontario aura les yeux rivés sur Ottawa, le 22 mars prochain.