Bilan 2016 : une année de transition pour les Franco-Ontariens

Des célébrations pour souligner le Jour des Franco-Ontariens ont eu lieu vendredi 23 septembre à travers la province, notamment ici, à Toronto le 23 septembre. Michel Plaxton

L’année 2016 s’achève pour les Franco-Ontariens. Entre la prise de fonction de Marie-France Lalonde, le projet d’une université franco-ontarienne, ou encore les excuses pour le Règlement XVII, voilà ce qui a retenu notre attention pour les douze derniers mois.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

UNE PERSONNALITÉ

Marie-France Lalonde

L’ascension de la députée d’Ottawa-Orléans a été rapide. Élue sur les bancs de Queen’s Park en 2014 sous la bannière libérale, Mme Lalonde a été nommée whip en chef du gouvernement l’année suivante. 2016 a marqué une consécration puisqu’elle a succédé, en juin, à Madeleine Meilleur à titre de ministre déléguée aux Affaires francophones tout en occupant le portefeuille de ministre des Services gouvernementaux et du Service aux consommateurs. Difficile pour le moment de juger les six premiers mois de la nouvelle figure de proue aux Affaires francophones. Sur la forme, Mme Lalonde fait montre de (trop de?) prudence, soucieuse de rassurer et gagner la confiance de la communauté franco-ontarienne. Sur le fond, la députée d’Ottawa-Orléans a dû répondre rapidement aux attentes sur la refonte de la Loi sur les services en français (Loi 8) et le projet d’une université franco-ontarienne.

La ministre déléguée aux Affaires francophones de l'Ontario, Marie-France Lalonde. Crédit photo: Patrick Imbeau

UN LIEU

La toujours invisible université franco-ontarienne

Marie-France Lalonde est prévenue : les militants francophones n’en peuvent plus d’attendre. Relancé en 2012, le projet pour une université franco-ontarienne a connu un coup d’accélérateur au cours de l’année. D’abord, avec une manifestation organisée devant le parlement ontarien, en février, pour réclamer la création d’une telle université, puis avec le dévoilement du rapport d’un comité d’experts sur l’accès aux études postsecondaires en français dans le centre et le sud-ouest de l’Ontario en juin et enfin, avec la mise sur pied, en septembre, du Conseil de planification pour la réalisation de cette université. La composition de ce « ce groupe d’experts » montre clairement que le gouvernement privilégie la création d’un édifice à Toronto, sans élargir ce mandat à toute la province. Une volonté pourtant édictée en février 2015 par le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

UNE DATE

26 novembre

Le gain le plus important de l’année pour les Franco-Ontariens. Ce jour-là, la province rejoignait officiellement les rangs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à titre d’observateur. Une décision annoncée lors du XVIe Sommet de l’organisme à Antananarivo (Madagascar). L’Ontario avait essuyé pendant des années plusieurs refus de la part du gouvernement fédéral quant à son adhésion à l’OIF. L’arrivée de Justin Trudeau au pouvoir en octobre 2015 a permis de débloquer la situation. La nouvelle laisse augurer certaines possibilités pour les 611 500 Franco-Ontariens : une impulsion plus importante pour les échanges entre l’Ontario et les pays francophones, un réseau d’interlocuteurs plus grands pour atteindre la cible de 5 % d’immigration francophone en Ontario ou encore une visibilité internationale accrue.

UNE CITATION

« La Ville d’Ottawa est bilingue »

Telle est la réponse donnée à #ONfr par le maire Jim Watson, interrogé pour la énième fois sur son refus de désigner la capitale du Canada officiellement bilingue. Ce débat a priori municipal revêt aussi une importance provinciale. Ça sera à la province de valider la désignation de la Ville d’Ottawa, si et seulement la municipalité le demande. Au cours de l’année, les militants de l’initiative #OttawaBilingue ont rencontré une grande partie des élus ottaviens pour les sensibiliser au projet. Toujours est-il que beaucoup s’alignent sur la position de Jim Watson. Selon une enquête dévoilée par #ONfr au mois de novembre, seuls cinq des 23 conseillers ont affirmé appuyer le bilinguisme officiel à Ville d’Ottawa si celui-ci n’engendre pas de coûts additionnels, ni de pertes d’emplois au sein de l’appareil municipal.

https://www.youtube.com/watch?v=heFNVskhyFE

UN CHIFFRE

XVII

Bien que purement symbolique, l’annonce reste marquante. Le 22 février, le gouvernement de l’Ontario présentait des excuses officielles à la population francophone de la province plus d’un siècle après avoir tenté d’étouffer la minorité linguistique. « Le Règlement XVII a démontré du mépris à l’égard de l’identité et de l’égalité des Franco-Ontariens », déclarait la première ministre Kathleen Wynne, à Queen’s Park. Le Règlement XVII, adopté en 1912 par les conservateurs de James Whitney, a interdit l’usage de la langue française après la deuxième année d’enseignement dans les écoles de l’Ontario. Les francophones de la province ont dû se battre et résister pendant 15 ans, soit jusqu’en 1927, pour qu’il ne soit plus appliqué. Mais le mal était déjà fait.

En 2015, #ONfr avait livré une analyse semblable suivant les cinq critères retenus (personnalité, lieu, date, citation, chiffre) : http://onfr.tfo.org/bilan-2015-annee-charniere-pour-la-francophonie-ontarienne/