Bilan 2015 : année charnière pour la francophonie ontarienne

La statue de l'explorateur français Samuel de Champlain sur la pointe Nepean, à Ottawa. Archives, #ONfr

L’année 2015 tire à sa fin et l’équipe d’#ONfr fait le bilan de l’actualité qui a marqué le dernier calendrier sur la scène politique et dans la francophonie canadienne. Voici ce qui a retenu l’attention des francophones de l’Ontario.

UN CHIFFRE

26
Le compteur des régions de l’Ontario désignées en vertu de la Loi sur les services en français était bloqué à 25 depuis 2009. Le 30 juin, le gouvernement annonçait que Markham, située dans la grande région de Toronto, devenait la 26e région désignée. Un rodage de trois ans à partir de cette date devrait permettre aux agences et ministères de Markham de renforcer leurs services aux quelque 4500 francophones de l’endroit. Ce succès pour l’Office des affaires francophones (OAF) n’occulte pas d’autres désignations toujours en attente. C’est le cas de la Ville d’Oshawa, après que l’ACFO locale eut décidé de concentrer ses efforts sur cette municipalité plutôt que sur l’ensemble de la région de Durham comme initialement demandé. La municipalité régionale de Waterloo à l’ouest de Toronto, incluant notamment les villes de Waterloo, Cambridge et Kitchener attend aussi son heure. Quelque 85% des Franco-Ontariens habitent maintenant dans une région désignée.

UNE PERSONNALITÉ

Samuel de Champlain
Bien que mort en 1635, Samuel de Champlain a probablement été la personnalité la plus importante de l’année dans l’Ontario francophone. Il s’agissait tout au long de l’année de célébrer le 400e anniversaire de son arrivée dans la province. Une date césure marquant le début de la présence francophone en Ontario. Le retentissement des célébrations est parvenu jusqu’à Queen’s Park où le gouvernement provincial a déboursé 5,9 millions$ pour la centaine d’événements sur le territoire. Les troupes de Stephen Harper emboitaient alors le pas en offrant à leur tour 2,9 millions$ pour les commémorations. Un coup de pouce du gouvernement fédéral finalement faible en comparaison des 40 millions$ pour les célébrations du 400e anniversaire de Québec en 2008, et des 20 millions$ en 2004 dans le cadre du 400e anniversaire de l’Acadie.

UNE CITATION

« Je ne connais pas du tout Montfort. »

Une petite phrase qui sonne étrange pour tout Franco-Ontarien engagé. Sauf que la citation vient ici de Gila Martow, porte-parole en matière d’Affaires francophones pour le Parti progressiste-conservateur, lors d’une entrevue pour #ONfr début février. La députée provinciale de Thornhill, au nord de Toronto, excusait son ignorance soutenant alors « vivre à Toronto depuis 30 ans ». Une bévue que Mme Martow a corrigée par la suite. Tout d’abord en juin avec une visite à l’Hôpital Montfort, puis en multipliant ses communications dans la langue de Molière tout au long de l’année. Si les francophones regardent toujours les conservateurs en chien de faïence depuis la menace de fermeture que le parti a fait peser sur l’établissement, une petite amélioration symbolique a marqué l’année 2015. En mai, le Parti PC s’est donné avec Patrick Brown le chef le plus bilingue à Queen’s Park.

"L'hôpital

UN LIEU

Penetanguishene
L’année a débuté avec un gros point d’interrogation pour les francophones de Penetanguishene confrontés à la fermeture déclarée de l’Hôpital général de la baie Georgienne (HGBG), partiellement désigné en vertu de la Loi sur les services en français. 2015 finit avec le même climat d’incertitude. Entre-temps, les troupes de Kathleen Wynne n’ont jamais apporté une réponse concrète pour le millier de francophones de l’endroit. En septembre, #ONfr apprenait que le gouvernement planchait sur une solution alternative misant sur l’ouverture d’un carrefour communautaire de santé. Une initiative insuffisante pour l’opposition à Queen’s Park. Non sans rappeler le combat mené contre la fermeture de l’Hôpital Montfort il y a une quinzaine d’année, le dossier est en tout cas parti du côté du commissaire aux services en français. François Boileau doit publier un rapport sur la question au cours des prochains mois.

UNE DATE

10 février
Si le projet d’université franco-ontarienne doit devenir un jour réalité, les Franco-Ontariens retiendront peut-être cette date. Ce jour-là, le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) demandaient formellement au gouvernement la création d’une université « par et pour les francophones ». Objectif? La construction d’un premier campus en 2018 à Toronto. La manière s’ajoutait à la doléance, puisque la demande était directement effectuée à Queen’s Park. Depuis rien n’a changé. Ou presque. Le gouvernement de l’Ontario ne ferme pas l’idée au projet, mais repousse toujours celui-ci aux calendes grecques, invoquant la nécessité d’équilibrer le budget avant 2018. Du côté de l’opposition, la critique néodémocrate en matière d’Affaire francophones, France Gélinas, a pris la balle au bond en déposant un projet de loi privé visant à la création de cette université. Ce dernier a été adopté à l’unanimité en deuxième lecture au mois de novembre.