Appel à l’aide pour Gogama

TORONTO – L’opposition néo-démocrate exhorte le gouvernement libéral de l’Ontario à utiliser toutes les lois dont il dispose pour aider au dédommagement de la petite communauté de Gogama, dans le nord de la province, dont le mode de vie pourrait être « profondément transformé » par un déraillement de train qui a envoyé des dizaines de milliers de litres de pétrole brut dans une rivière à proximité.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« La plupart des gens de Gogama ou de la Première nation Mattagami dépendent du tourisme, de la pêche », a signalé à #ONfr la députée néo-démocrate France Gélinas, le mercredi 11 mars. « Qui va vouloir aller pêcher là-bas après avoir vu de tels dégâts environnementaux? C’est une vraie perte pour la communauté. N’attendons pas que tous les pourvoyeurs de la région aient fait banqueroute avant de les aider. »

Trente-huit wagons d’un train du Canadien National (CN) transportant du pétrole brut de l’Alberta ont quitté la voie ferrée et se sont enflammés près du village de Gogama, tôt le samedi 7 mars. Deux des wagons se sont retrouvés dans la rivière Mattagami. Le déversement est évalué à plus d’un million de litres de pétrole. Il s’agit du deuxième incident du genre impliquant un convoi de pétrole à survenir sur les rails du Nord ontarien dans un délai d’environ trois semaines.

L’élue de Nickel Belt, près de Sudbury, voudrait voir la province épauler les résidents de la petite localité située à une centaine de kilomètres au sud de Timmins dans d’éventuelles poursuites contre le CN.

« On a des lois qui nous donnent des pouvoirs significatifs pour améliorer la situation. Dans un premier temps, nous avons le pouvoir d’aider les gens à intenter des poursuites contre le CN », a insisté Mme Gélinas. « La province peut aussi émettre des contraventions (au CN) pour des motifs environnementaux. Mais on n’a jamais fait ça. »

Les choses en main

Dénonçant un désengagement de la province, qui a fermé ses bureaux à Gogama il y a quelques années, les Premières nations du Nord ontarien envisagent de prendre elles-mêmes les choses en main.

« Je crois qu’il reviendra aux Premières nations locales de garder un oeil sur la façon dont les eaux, les poissons et la faune sont touchés. Sans avoir les ressources financières pour assurer le suivi scientifique et les rapports nécessaires, nous devrons trouver d’autres moyens pour que notre savoir écologique traditionnel soit entendu » a fait savoir le grand chef Lawrence Martin, du conseil de bande Mushkegowuk. « Le système actuel ne fonctionne pas et les Premières nations commencent à vouloir (…) développer leurs propres plans d’aménagement du territoire. »

De leur côté, les libéraux à Queen’s Park promettent de veiller au grain.

« Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les résidents de Gogama et les Premières nations des environs », a promis Glenn Thibeault, député de Sudbury et nouvel adjoint parlementaire au ministre de l’Environnement, à #Onfr. « Nous avons toutes les lois en place », a-t-il ajouté. « Le Ministère est en train d’analyser la situation pour que nous puissions déposer des accusations, si jamais il y a lieu de le faire. Mais l’enquête doit d’abord avoir lieu. »

Le ministre David Zimmer, responsable des Affaires autochtones, relance à son tour la balle au gouvernement fédéral, dont c’est la compétence d’assurer la sûreté des voies ferrées. « Cet accident près de Gogama est le plus récent exemple démontrant pourquoi le gouvernement Harper doit en faire plus pour améliorer la sûreté ferroriviaire et la réglementation pour mieux protéger nos citoyens, nos communautés et notre environnement », a-t-il indiqué dans un communiqué après s’être rendu sur les lieux du déraillement, le jeudi 12 mars.