Alberta : premier contact encourageant entre Notley et les francophones

La première ministre néo-démocrate de l'Alberta, Rachel Notley.

EDMONTON – Les francophones de l’Alberta reprennent progressivement espoir, deux mois après la prise de pouvoir du Nouveau parti démocratique (NPD) dans la province.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

La nouvelle première ministre, Rachel Notley, et les députés du parti orange ont commencé à envoyer des signaux positifs, estime l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA).

« La réception est somme toute bonne », explique le président de l’organisme, Jean Johnson, en entrevue pour #ONfr. « Il y a beaucoup de belles paroles de leur part, on doit travailler maintenant à les concrétiser. »

Parmi les encouragements? La considération du fait francophone par Marlin Schmidt, le whip du gouvernement. « Il a écouté nos arguments concernant la mise en place d’une politique sur les services en français. Il se souvenait par ailleurs très bien de nos revendications sur la cause Caron. »

Les lumières s’étaient de nouveau braquées avec intensité sur cette affaire franco-albertaine en février dernier quand les neuf juges de la Cour suprême entendaient la cause Caron. Un dossier vieux de douze ans portant sur le caractère unilingue anglophone de l’Alberta et de la Saskatchewan gravé dans le marbre depuis 1988.

En partant à la rencontre des 49 nouveaux députés NPD constituant les 53 du parti à l’Assemblée législative, M. Johnson a même trouvé un autre écho favorable. Celui de la mise sur pied d’un caucus francophone. « Évidemment ce n’est pas fait, et ça serait probablement un groupe informel, mais un ou deux députés s’exprimant parfaitement en français m’ont fait part de leur intérêt. »

 

Lettre de Notley

Rien de concret dans le fond, mais la forme marque en tout cas une césure après 43 ans d’une Assemblée législative sous le joug des conservateurs. « La première ministre Alison Redford (2011-2014) dirigeait un gouvernement aux portes fermées », grince le président de l’ACFA. « Son successeur Jim Prentice a montré un intérêt accru, mais n’a pas fait mieux. »

Dans ce contexte, on comprend mieux la surprise de l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA), après avoir reçu une lettre de Rachel Notley. Dans ce document rédigé en anglais et envoyé le 12 juin, la première ministre s’engageait entre autres à faciliter les services juridiques en français dans la province.

« En dix ans au sein de l’organisme, je n’avais jamais vu un tel signe encourageant de la part du gouvernement », lâche le président, Pierre Asselin. « Dans la lettre, elle (Rachel Notley) mentionne même son intérêt pour une province plus inclusive. »

En matière civile, il n’est effectivement pas possible d’obtenir totalement un procès dans la langue de Molière en Alberta. Malgré la décision de la Cour suprême du Canada de reconnaitre aux francophones le droit de s’exprimer en français devant un juge, cette dernière n’a pas reconnu celui d’être compris. Et ce, à la différence du régime de bilinguisme officiel dans le domaine de la justice qui prévaut depuis 1984 en Ontario.

 

Un parti pour les francophones?

Ce bon départ du parti orange envers les francophones n’est pas sans effacer quelques traces dans les autres provinces. Au pouvoir en Nouvelle-Écosse de 2009 à 2013, le NPD laisse pour les Acadiens de l’endroit un souvenir mitigé. Notamment en raison de l’abolition des circonscriptions électorales francophones protégées, et des modifications jugées importantes à la Loi sur les services en français.

Quant au Manitoba, province que le parti gouverne depuis 1999, les francophones y attendent toujours  l’enchâssement dans la loi des services offerts en français de ce qui reste toujours une simple politique. Cette directive favorable aux Franco-Manitobains avait été dessinée pourtant par le précédent gouvernement… progressiste-conservateur.