À 365 jours du scrutin, les francophones font entendre leurs voix

Le président de l'AFO, Carol Jolin, lors de la conférence de presse, le 8 juin.. Crédit image: Sébastien Pierroz«

TORONTO – À un an jour pour jour du scrutin provincial, des groupes francophones de la province font entendre leurs voix et souhaitent plus que jamais être entendus pendant la prochaine campagne électorale. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) demande même la tenue d’un débat en français entre les trois chefs des principaux partis politiques ontariens pour discuter des enjeux francophones.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Bien que la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath, ne parle pas français, le président de l’AFO, Carol Jolin, croit quand même le défi possible.

« Ça représente pour elle un défi, on en est conscient, mais ça lui laisse onze mois pour se préparer », a commenté M. Jolin.

« On veut attirer l’attention des gens, et mettre les enjeux sur la table très rapidement », explique l’organisme qui tenait justement une conférence de presse, mercredi 7 juin, à Ottawa pour rappeler cette échéance électorale.

Carol Jolin a jugé « timide » le bilan de Kathleen Wynne en matière de services en français, tout en saluant le « rapprochement » du chef progressiste-conservateur, Patrick Brown, avec la communauté francophone.

Patrick Brown, Kathleen Wynne et Andrea Horwath

Le vote francophone aura un impact lors de la prochaine élection générale, a aussi assuré le président de l’AFO.

« Aujourd’hui, j’interpelle les partis politiques provinciaux à faire preuve de leadership. Je les invite à prendre des engagements clairs sur les enjeux francophones », a martelé le président de l’AFO.

Comme lors de la précédente élection en 2014, l’AFO enverra un questionnaire aux différents partis pour connaître leurs positions. Parmi les priorités habituelles de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens : les services de santé en français, et bien sûr le projet d’une université franco-ontarienne.

« Il ne faut pas que des études, mais des actions », a souligné M. Jolin.

Une référence directe à l’attente du rapport du comité de Dyane Adam qui dévoilera, dans quelques semaines, les contours du projet.

 

Débat sur l’université francophone dans la campagne

Pablo Mhanna-Sandoval, président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), espère de tout cœur que le dossier de l’université franco-ontarienne ne sera pas un enjeu pour la prochaine élection ontarienne.

« La communauté franco-ontarienne mérite que le projet soit lancé officiellement avant la campagne pour que l’on ne puisse pas utiliser cela contre nous », a-t-il expliqué.

« Ça serait insultant », a renchéri le président de la FESFO.

Pablo Mhanna-Sandoval
(Le nouveau président de la FESFO, Pablo Mhanna-Sandoval. Crédit image : Capture d’écran)

Avec l’échéancier électoral qui approche à grands pas, Pablo Mhanna-Sandoval souligne que la communauté mérite mieux que des paroles.

« Avec l’attente que la communauté a subie, ça serait plus qu’insultant. Nous avons démontré de la bonne volonté dans ce dossier (…) nous voulons de l’action » – Pablo Mhanna-Sandoval

Dans la prochaine année, M. Mhanna-Sandoval souhaite également voir un engagement des différents partis politiques dans le domaine de la santé mentale.

« On sait que la jeunesse fait face à plusieurs stress notamment à l’école et dans sa vie sociale. »

« On veut voir une volonté politique des trois partis dans ce dossier, car c’est important pour la jeunesse », a souligné le président.

Le représentant de la FESFO dit tout de même être prêt à travailler avec tous les partis, peu importe qui remportera le scrutin l’an prochain.

« Les trois partis savent l’importance du vote franco-ontarien (…) et le vote futur représenté par la jeunesse », s’exclame-t-il.

 

Plus que des pamphlets à Pearson

Ali Liénaux, directeur adjoint du Centre francophone de Toronto, dit espérer que les partis politiques restent engagés dans la prochaine année pour respecter la cible de 5 % d’immigration francophone dans la province. Bien que ça soit un champ de compétence fédéral, M. Liénaux dit espérer avoir des engagements clairs à cet effet des politiciens provinciaux.

« Le gouvernement de l’Ontario a beaucoup de chemin à faire pour arriver à ce fameux 5 %, on en est loin et nous avons besoin que cette quantité de francophones soit autorisée à venir en Ontario » – Ali Liénaux

Il y a quelques mois, le Centre francophone de Toronto avait dénoncé que de nombreux immigrants et réfugiés de langue française qui atterrissent à l’aéroport Pearson de Toronto soient dirigés vers des services anglophones.

Bien qu’un pamphlet soit préparé à l’intention des nouveaux arrivants pour les aiguillés vers des services en français, M. Liénaux croit qu’il faut en faire plus et somme les politiciens de se pencher sur la question.

« Généralement, les services offerts ne sont pas au niveau souhaité, principalement pour des gens qui sont fraîchement arrivés », déplore-t-il.

« C’est un travail de collaboration entre le gouvernement provincial et fédéral », ajoute-t-il. « Le fédéral nous suit au niveau des principes, mais nous avons besoin de mieux de la part de la province. Les libéraux nous ont promis un petit document, mais nous avons besoin d’une antenne et de gens sur place. »

M. Liénaux note bien que son organisme se doit de rester neutre durant la campagne et souhaite travailler avec le gouvernement pour avoir des avancées dans les dossiers chauds.