3 millions disponibles : les Franco-Ontariens ne participent pas

L’Ontario est prête à financer, à hauteur de 3 millions de dollars, jusqu’à huit idées citoyennes. Archives

TORONTO – Le gouvernement ontarien offrait trois millions de dollars pour donner vie à huit idées des citoyens, dans le cadre de ses consultations prébudgétaires. Si l’occasion était belle pour les francophones de faire part de leurs besoins, à peine quelques Franco-Ontariens ont soumis des projets lors de cet exercice. 

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Quelque 422 propositions pour améliorer les communautés de la province ont été soumises en anglais à l’occasion de cet appel à tous. Plusieurs l’ont fait en voyant les publicités faites sur les différents réseaux sociaux. Des centaines d’idées pour accroître les services dans les domaines de la petite enfance, de l’éducation, des petites entreprises, des infrastructures, de l’environnement et de la santé ont notamment été soumises.

Pour la première fois, l’Ontario s’engageait à concrétiser huit idées du public dans le cadre de son processus budgétaire. Ce volet des consultations prébudgétaires est maintenant clos.

Au cours des trois semaines de consultation en ligne, seulement onze propositions en français ont été faites. Cela représente environ 2% des propositions soumises. C’est sans compter que trois propositions ont été faites par la même personne.

La critique néo-démocrate en matière de francophonie, France Gélinas, est renversée par la situation. « Personne dans la communauté francophone le savait. C’est clair comme ça. Le mot ne s’est pas passé dans nos réseaux existants de la communauté francophone. On communique bien entre nous entre les francophones, mais le gouvernement n’a pas tapé dans aucun des réseaux existants pour faire connaître ces projets », a-t-elle affirmé.  Selon elle, il y a eu un manque flagrant de promotion de cette initiative par le gouvernement. « Du côté des francophones, il y a beaucoup d’idées qui existent. Mais quand on ne sait pas que le programme existe, c’est difficile de mettre des idées de l’avant », dit-elle.

Le gouvernement a-t-il fait assez de publicité auprès des francophones? Les francophones ont-ils décidé de soumettre leurs idées en anglais? Ou est-ce que la communauté franco-ontarienne n’a tout simplement pas participé?

Dans tous les cas, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde, ne cachait pas sa déception lorsqu’elle a été interpellée par #ONfr à ce sujet, il y a quelques jours.

« Puis-je dire que je suis déçue? Je suis déçue », a-t-elle dit. « On veut avoir la voix des francophones », a ajouté la ministre. Mme Lalonde affirme que l’appel à tous a été publicisé dans les deux langues et dit ne pas avoir d’explications pour expliquer pourquoi les francophones ont moins participé que les anglophones.

Selon Mme Lalonde, les citoyens auront d’autres occasions de se faire entendre au cours des prochaines semaines. « Comme députée, je vais faire une consultation prébudgétaire dans ma communauté et je crois que plusieurs de nos députés vont faire la même chose », a-t-elle dit.

Propositions de francophones

Au nombre des propositions faites en français depuis un mois, notons celle d’une responsable de centre de la petite enfance qui propose au gouvernement d’implanter un projet pilote pour suivre l’évolution des enfants via une application.

Un autre citoyen propose la création d’un événement à Hearst permettant de mettre en contact des inventeurs du Nord-Est de l’Ontario avec des investisseurs potentiels. Une occasion d’encourager l’entrepreneuriat dans cette région et auprès des jeunes, dit-il.

D’autres proposent la création de jardins communautaires dans les écoles, la création de programmes pour permettre la naissance de coopératives dans les écoles et une stratégie pour rendre plus accessibles les services numériques du gouvernement aux aînés.

Propositions inusitées

C’était à prévoir : l’appel à propositions du gouvernement allait mener à quelques dérives imprévues. Un citoyen a profité de cette tribune pour exiger l’arrêt de la privatisation du distributeur d’électricité Hydro One. « Comment la province peut planifier pour l’avenir quand elle ne contrôle pas totalement les autoroutes qui transportent l’électricité », affirme cet internaute.

Un autre suggère l’abolition des consultations de ce genre, qu’il considère comme un « gaspillage d’argent », dit-il. Lors du lancement de l’initiative, Yvan Baker, adjoint parlementaire au ministre des Finances et à la ministre responsable du gouvernement numérique, affirmait qu’il était essentiel d’écouter la population. « Ce qui est le plus important pour un politicien, ce n’est pas de parler, même si on parle beaucoup, mais d’écouter! », avait-il lancé. Le ministre des Finances, Charles Sousa, se disait même ouvert aux « idées radicales ».

Le Conseil de la première ministre pour de meilleurs perspectives pour la jeunesse sélectionnera bientôt plusieurs des idées reçues et les soumettra à un vote du public.